Dans ma volonté d’orienter ma vie , en prenant soin de ne pas distinguer mon développement professionnel de ma condition d’homme,  je n’ai pas trouvé de réponse dans la pratique des arts appliqués, sinon de grandes satisfactions dues à la nécessaire rigueur d’analyse et de travail.

J’ai commencé à apercevoir quelques solutions à mes questionnements lorsque j’ai senti s’imposer en moi le besoin de créer, de faire partie du monde actuel, en l’acceptant et en en modelant une fraction à ma façon.

Je devais  m’intégrer dans un flux vital universel, sans heurt, mais avec fantaisie, la mienne.
Sans heurt,  pour ne pas contrarier les chemins du ressenti, de l’accord physiologique avec la perception cérébrale.

Maîtriser le libre cours de sa fantaisie paraît antagoniste, mais je pense que la fantaisie sans la canalisation de son flux, n’est qu’agréable divertissement verbal réservé à des lieux comme les bistrots, les écoles de beaux-arts,ou encore les soirées entre amis .

L’art, c’est autre chose.

 

Un autre monde, un univers où l’exigence de l’esprit ne peut exister qu’à travers l’exigence de sa traduction en termes palpables, en représentations présentables, même si elles ne sont pas instantanément compréhensibles.
Un monde où l’accord se perçoit, se ressent, se décèle subtilement.

Le volume est une des constantes de cet univers, comme la musique ou la peinture, l’écrit ou l’expression orale.
J’ai très tôt compris que la possession de nombreuses techniques allait m’ouvrir les portes sur le chemin que j’entrevoyais.

L’orientation de mon travail vient d’un choix, celui de contribuer à la construction de ce monde, pour ce que je peux lui apporter de plus adapté à sa qualité (ou celle que je lui reconnais) et ma capacité à le faire.

Ma première orientation a été l’apprentissage de la sculpture sur bois vouée à l’ornement, ainsi que l’étude des  styles.
Parallèlement à cet enseignement, en autodidacte,j’ai étudié l’anatomie humaine & animale, ainsi que des notions ciblées d’architecture.

J’ai voulu me former à la compréhension des arts des civilisations passées.

Elles possèdent en commun  la théorisation de la croissance des êtres vivants, végétaux ou animaux, l’observation de la formation et évolution des cristaux, minéraux, l’appréhension des éléments ( air, vent et nuage, pluie, orage…) des astres et de l’univers, tout cela et sûrement plus, dans un ordonnancement que nous appelons au sens romantique du terme  « harmonie », mais qui n’est que le simple développement naturel !

Ce développement rythmé par le temps, les saisons, notre environnement, urbain ou campagnard, plaine ou montagne etc…initie en nous la perception de notre monde.

Nos rythmes physiologiques s’associent à cette construction universelle.
C’est à ces phases en amont de la culture, que je m’intéresse plus particulièrement.
L’aspect culturel (parfois dominant, parfois plus distant) est le vecteur, le support qui structure et raconte l’œuvre.
Les arts appliqués que notre civilisation a développés ces quelques siècles passés (depuis la renaissance pour ne pas remonter trop loin) sont très riches en thèmes, motifs, rythmes, ordonnancements, définition de proportions humaines et architecturales, ménagement de la place de l’homme.

Mon travail par rapport à tout cela se construit sur la synthèse d’éléments choisis ou inspirés par le thème.
L’expérience des arts appliqués s’est avérée, et se montre toujours, comme un solide pilier de ma création.

La majeure partie de l’orientation de mes recherches concerne l’être humain, sa définition volumique, spatiale, son anatomie, ainsi que sa présence graphique, signifiant de ses limites extérieures autant que de ses attitudes et intentions.



Je représente la figure humaine, complexe dans son essence, de la façon la plus facilement saisissable en choisissant parmi la globalité des impressions dégagées, pour n’en garder qu’une, la plus importante, la plus déterminante pour l’oeuvre, qui  devra me convaincre, par la correspondance de nos rythmes intérieurs.



La condition de la communication établie, passe par la vérification du fonctionnement « miroitique » de mes sculptures, envers les gens qui s’en approchent. Mes oeuvres sont un condensé d’humain, à  une échelle biologiquement reconnaissable. J’espère donner envie à l’homme d’accepter l’homme (terme générique, car je représente surtout la femme).





La représentation de compositions en groupe poursuit un autre but : celui d’analyser la fonction sociale, le rapport à l’autre ou à l’attribut, en définissant un espace, situé entre les sujets.
Ce volume à part entière, dénué de matière, a autant à dire que les volumes qui le constituent, son expression propre est la résonance.

D’un point de vue technique…
Je conçois mes formes à base de réflexions sur les symboles & le graphisme, de croquis privilégiant  l’interférence volumique, de dessins permettant de synthétiser les idées sous-tendues, les mouvements à considérer, les proportions à consentir, les déformations éventuelles.
Lorsqu’elles forment un groupe, mes sculptures sont élaborées comme des mises en scène d’une ou plusieurs figures avec ou sans attribut.

 

Je choisis parmi la globalité des impressions dégagées, la plus importante, la plus déterminante pour l’œuvre. Cette sensation devient le fil conducteur de mon travail.
La définition graphique définitive est très importante, car elle est la structure tri- dimensionnelle de la sculpture. Ce graphisme guide le ressentit que la forme explique.

 

 

 La fabrication d’une œuvre est subordonnée à sa conception, la finalité étant de matérialiser la résultante de l’élaboration d’une idée dans une matière en adéquation avec le thème de l’œuvre.
Je maîtrise la plupart des techniques de transformation des matières que je travaille :
- la taille du bois, du marbre et de la pierre en bas- relief, bas-relief en creux, ronde-bosse de toutes dimensions.
- le façonnage du métal , la ciselure, la soudure.
Je participe volontiers à la fonte (au sable) de mes bronzes,   la retouche des cires, la patine, le polissage, etc…

 

 

Les matériaux composites tels que les résines, les polystyrènes et autres merveilles chimiques sont très utiles dans la réalisation transitoire des sculptures destinées à la fonte, mais, en ce qui concerne mes sculptures, ces matières ne constituent jamais la version définitive d’une œuvre.
Mes sculptures existent, sous  leur forme définitive, dans des matières exclusivement naturelles, métaux, verre …